Résumé du livre :
Il est des jours que rien ne peut effacer, pas même le temps. Des jours sombres, si noirs qu’ils reviennent nous torturer, laissant planer leur ombre sur nos existences fragiles. Le 11 juin, elle a tout perdu, au point de s’égarer. Puisque la vie n’attend pas et que le passé semble insurmontable, elle s’est fait une promesse.
Déchirée entre la peur d’oublier et le besoin viscéral de libérer son âme, ce qu’elle va faire de cette journée lui appartient. Et ce qu’elle s’apprête à vivre risque de la marquer pour toujours, parce que parfois, les choses ne se passent pas comme prévu.
C’était un 11 juin et cette promesse, vous ne l’oublierez jamais.
Avant-propos :
Et voilà, nous y sommes. 10e livre de Matthieu Biasotto. C’est une étape importante dans la carrière d’un auteur, surtout pour un indépendant. Alors Matthieu, félicitations !
Pour fêter dignement cela, on sort le champagne, les petits fours, on invite les potes, la famille et musique Maestro ! Non ? Comment ça non ? On… On ne fait pas de fête ?
Matthieu quoi ? Oui, Matthieu, comment ?! Vous dites ?! Matthieu a prévu un petit quelque chose avant de passer en mode champêtre ? Et c’est quoi ce petit quelque chose, on peut savoir ? On lit 11 juin avant de fêter Evènement ! Ah OK… bah, dans ce cas, on va patienter un peu… Et hop lecture !
Mon avis :
Vous avez lu le résumé ? Hors de question de buller à la plage avec un Mojito ; la virée en gondole à Venise, on oublie ; la journée de RTT à regarder voler les papillons, pas vraiment dans l’ambiance. Non ! On est parti pour se mettre à nu, tout comme l’auteur. On est parti pour en « chier », pour faire exploser toutes nos certitudes, pour remettre en cause toutes nos espérances, pour brûler les étapes de nos convictions et tout remettre à plat.
Bah oui, Matthieu il sait récompenser ses lecteurs, mais à nous aussi de faire un effort, de plonger dans sa tête, intégralement, le temps d’une histoire. Avec 11 juin, attendez-vous à sentir cette étreinte autour de votre cœur, de votre estomac. Attendez-vous à ressentir l’étouffement qui précède l’asphyxie, à vivre par procuration la douleur et l’espérance, à vous battre vous aussi contre vos démons.
Comme annoncé précédemment (voir la chronique de Ewa), Matthieu a repoussé les limites, encore, encore plus. Comment fait-il ? Je n’ai pas vraiment de réponse à cette question, ou alors, en fait si, j’ai un début de réponse : il respecte ses lecteurs, il les respecte tellement qu’il se met à nu pour eux, alors allons apprécier le spectacle offert !
C’est parti !
Maud, Maud, Maud…
Matthieu s’est mis une nouvelle fois dans la peau d’une femme pour ce livre, pour cette histoire, et il nous prouve une fois de plus qu’il maîtrise parfaitement l’exercice.
On commence le premier chapitre et déjà la 4e de couverture nous revient en pleine figure. On va prendre Maud par la main pour l’accompagner tout au long de l’histoire. En fait, on va même la serrer très fort dans nos bras. Oui, on va la prendre dans nos bras, le temps d’un silence qui en dit long, tant la douleur est présente, pesante, poignante. On va lui parler, lui dire que la vie continue, qu’elle n’est pas seule, qu’on est là, nous. Mais à qui ces paroles feront-elles le plus de bien ? À Maud ? Non, en réalité, c’est à nous-mêmes que nous allons faire du bien !
Lorsqu’on connaît la patte de Matthieu Biasotto, on retrouve les passages où il insiste sur la gestion des émotions en y mettant les mots justes. Chaque scène est plantée : visuellement, on accompagne Maud, on comprend que les gestes faits, les décisions prises, les pensées qui la hantent vont nous rendre témoin d’une souffrance profonde, d’une tristesse latente, mais aussi d’une touche d’espoir à portée de mains, cette lueur au bout du « fameux » tunnel qu’on nous vante tant, cette main tendue par le destin peut-être ?
Certains penseront que le livre est long à démarrer, mais il s’agit d’un page-turner addictif : on tourne les pages car on aime ce qu’on lit, même si on souffre ; on tourne les pages car on veut aider Maud dans sa quête et on continue de souffrir ; on tourne les pages car les événements qui l’accompagnent nous laissent tantôt espérer tantôt craindre le pire et on continue de souffrir. Et lorsque l’on arrête de souffrir, on se rend compte de l’importance de nos choix, de nos actes, que chaque être humain est doté d’un libre arbitre, que la vie ne tient qu’à un fil, que l’effet papillon nous revient sans cesse en pleine figure, que tout se vérifie toujours… que rien ne nous est épargné dans la vie, jamais rien.
Je voudrais citer un passage du livre, il ne dévoile rien de l’intrigue, mais je l’ai trouvé poignant, percutant, et tellement vrai :
« Ce matin, il m’apparaît clairement que la vie n’est qu’un rouleau compresseur sans aucune pitié. Elle avance encore et encore en me laissant sur la touche, en méprisant parfaitement mon existence, stoppée net il y a douze mois. Elle ne laisse aucun répit, la vie, elle ne marque aucune pause et ne tolère aucune faiblesse. Et moi, moi je suis tellement fatiguée, j’ai l’impression de courir derrière et de ne jamais pouvoir la rattraper. On n’a pas le droit de boiter, on ne peut pas vaciller sur le quai parce que le train ne s’arrête jamais. La vie c’est marche ou crève. »
Est-ce vraiment utile de commenter ce passage ? S’il fallait le faire, je dirais de prendre le temps de marquer une pause dans son existence, pour constater qu’il y a un fond de vérité qui glace le sang. Que les événements de notre vie nous poussent à faire des choix, ou des non-choix, de les assumer ou les subir. On a tous une part de responsabilité dans ce qui nous arrive, même si on ne maîtrise pas tout, pas toujours en tous cas. C’est une certitude, mais il faut vivre avec.
Pour moi, la promesse que s’est faite Maud nous concerne tous. Une fois le livre ouvert et l’histoire commencée, nous sommes témoin, complice, acteur, confident. On nourrit la tristesse, la colère, les peurs, les doutes, la haine, l’amour, la violence, mais pour quel résultat ?! À vous de trouver la réponse, moi je l’ai trouvée, elle m’a donné le sourire, mais pas que… mais ici on parle de 11 juin, 10e livre de Matthieu, je sais qu’il ne s’arrêtera pas là et j’en suis rassuré !
J’ai lu 11 juin et comme Maud, j’ai entamé une sorte de reconstruction. Nouveau cahier, nouvelle page blanche, mais j’ai gardé le même stylo, la même tasse à café. Oui, car il faut aussi savoir se raccrocher à ce qu’il y a de bon dans sa vie. Le tableau ne peut jamais être totalement noir.
Avant de vous laisser avec Maud et votre conscience, je voudrais ajouter quelques mots.
Sur la couverture qui est juste sublime, comme toujours avec les livres de Matt, ce coquelicot : précieux, sauvage, fragile et pourtant si fort, est déjà un symbole à lui seul, mais après avoir lu 11 juin, on regardera différemment cette beauté de la nature, assurément.
Et enfin, un mot sur Matthieu, cet homme, ce frère dont je suis si proche, cet auteur que je vois évoluer sans cesse dans ses écrits et affirmer son style, habité d’une exigence maladive, d’un besoin de fouiller ses entrailles à chaque histoire. Lorsqu’il est complètement vidé, il se nourrit du bonheur et du plaisir des lecteurs, avant de se replonger dans son univers et se remettre au travail. Pour cela et pour tout le reste, je veux lui dire merci et félicitations.
Je vous souhaite de prendre avec ce livre autant de plaisir que moi.
Merci de m’avoir lu et si on faisait la fête maintenant ?
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