Olivier Tarassot
Dam : Olivier, avec « Liberté, je dessine ton visage » nous avons partagé une bien jolie aventure et je ne peux que te remercier pour la confiance que tu m’as accordée. Tout n’a pas toujours été simple, mais je ne retiens que l’essentiel : la qualité de ton roman et ton entrée dans le monde des auteurs. Félicitations !
Merci également d’avoir accepté de te prêter au jeu de cette entrevue pour Chroniques au Scalpel !
Parlons de ton livre…
« Liberté, je dessine ton visage », peux-tu nous dire en quelques mots, ce qui t’a inspiré cette histoire ?
Je suis parti d’un thème qui m’a profondément touché et qui a été l’élément déclencheur de mon écriture : l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo. Inconsciemment, la liberté d’expression est devenue un combat, une idée à défendre encore plus. Il me fallait comprendre comment on pouvait en arriver là, à l’extrémisme, à la radicalisation, au fanatisme religieux, aux sentiments mauvais. Mais le terrorisme n’est pas le fond du livre. Ce qui m’intéresse, ce sont les personnages, ce qu’ils peuvent ressentir. Comment trouver le courage, la force et l’envie quand on est confronté à des situations extrêmes. Qu’est-ce qui nous pousse à nous surpasser, à passer par-dessus un mur que l’on n’aurait jamais franchi d’ordinaire.
De quel personnage te sens-tu le plus proche et pourquoi ?
Je suis attaché à chacun d’entre eux.
Lola pour sa fragilité et sa sensibilité.
Simon pour l’amour sans faille qu’il voue à sa fille.
Julie, c’est la force, la foi, le courage. À travers elle, j’ai pu explorer tous les versants de l’amour. Charlie est un éternel insoumis qui ne courbe pas l’échine, qui sonne la révolte, qui redresse l’étendard de la liberté.
Est-ce un livre 100 % fiction ou as-tu semé des petits morceaux de toi dans le livre ?
On laisse toujours des bouts de soi dans un livre, des petits cailloux que l’on sème sur le chemin. On dépose nos ombres dans la lumière des mots.
Est-ce que « Liberté, je dessine ton visage » pourrait avoir une suite ?
Une suite, non. Une seconde vie, probablement.
Parlons de toi…
Peux-tu nous en dire un peu plus sur Olivier, l’homme ?
J’ai 46 ans, je suis marié, père de 3 enfants. Je réside dans le Finistère. Je suis responsable de la restauration scolaire dans une collectivité du Pays Bigouden.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de te mettre à l’écriture ?
Écrire est une nécessité dont je ne saurai expliquer son origine. Ce que je sais, c’est que tu peux donner vie à ce que tu veux à travers l’écriture. En écrivant, tu ouvres le champ des possibles.
Parmi les commentaires que tu as reçus, est-ce qu’il y en a un qui t’a particulièrement marqué et que tu pourrais partager avec nous ?
Chaque commentaire est un témoignage vivant. Deux, tout particulièrement, m’ont bouleversé, renversé. Celui de Salomé, 20 ans : « J’ai fini Liberté dans l’après-midi et j’avoue que dès que je l’ai vraiment commencé, je ne pouvais plus vraiment m’arrêter… L’histoire est si prenante, les personnages si attachants. On a envie de les connaitre, et on apprend à les connaitre au fur et à mesure du récit : leur histoire, leurs secrets, leurs désirs, leurs désirs, leurs peurs. C’est si bien construit, chaque détail, chaque rebondissement est bien amené. Ce n’est pas forcément le genre de livre que je lis : qui parle du monde, de religion, de liberté mais j’ai été agréablement surprise. Je ne peux que t’encourager à continuer d’écrire. Ce livre est le genre de livre qui me rappelle pourquoi je veux devenir écrivain. Merci, vraiment. »
Quels sont tes projets pour 2018 ?
Je suis dans l’écriture du prochain roman. Comme le précédent, les sujets abordés ne laisseront pas indifférents. L’absence, la solitude, l’oubli, l’évanescence des souvenirs, la mémoire qui s’en va, le temps qui s’enfuit, les non-dits, l’émancipation de la femme y seront évoqués. Mais, chut ! ….
Tribune libre, le principe : je te laisse la main pour parler d’un sujet qui te tient à cœur et que tu aimerais partager avec nous !
Je voudrais prolonger le débat sur le thème de mon livre : la liberté d’expression. Elle est un droit fondamental car elle est le pilier de toutes les libertés. Du reste, elle est absente bien souvent quand des peuples sont sous l’emprise de régimes autoritaires. Alors, la liberté ne chante plus : elle est menacée, réprimée. Elle est aussi un droit moral. Je voudrais que chacun prenne véritablement conscience du sens et de l’essence de la liberté d’expression. Certains en abusent, cachés derrière leur ordinateur, pour lancer des rumeurs, salir la réputation d’un individu, manquer de respect à autrui. La liberté d’expression a des limites que beaucoup franchissent sans le moindre état d’âme. Mais que savent-ils d’elle ? Ont-ils connu la privation ? Ont-ils eu la langue coupée, les mains liées ? Ont-ils connu la répression ? La liberté d’expression n’est pas absolue. Et tout dire pour ne rien dire ne sert à rien. Quand la haine s’affiche sur nos murs, c’est la liberté qui perd du terrain. Quand le savoir et la connaissance désertent les écoles, c’est la liberté qui s’éteint. L’ignorance est l’ennemie de toutes les libertés et la complice de toutes les censures.
Une question qui devient récurrente pour le face-à-face : peux-tu nous raconter un souvenir d’enfance lié à la lecture ?
Je reviens des années en arrière, dans une classe d’école primaire, où j’avais tout à apprendre, et de mon premier livre lu : Le Faucon déniché dont un des thèmes était l’injustice. Bien après, je me souviens de « David et Olivier », une belle histoire d’amitié qui m’a donné l’envie de rêver et d’espérer.
Idem pour cette 7e question qui devient incontournable : Une photo ! À toi de nous dire ce qu’elle t’inspire !
Oser. Oser franchir le pas. Sauter dans le vide, ne plus avoir peur de l’inconnu. Avoir le courage d’affronter ses propres démons, se défaire de ses lâchetés, se surpasser, repousser ses limites. S’inventer des ailes, et s’envoler, toujours plus haut.
La fameuse question de l’auteur. Le principe est simple, c’est à toi de me poser une question de ton choix !
Quel est le livre que tu emmènerais sur une île déserte ?
Je pense que j’emporterais un dictionnaire. Ouais, un dictionnaire. Comme je pars du principe que nous passons notre vie à apprendre, je me dis que je pourrais me nourrir de chaque mot existant. Les décortiquer pour en comprendre le sens profond, leur associer autant de synonymes que possible, les utiliser dans des contextes différents, et enfin jouer avec eux. Leur faire dire tout un tas de choses, du plus réel au plus imaginaire, à l’image de ces auteurs qui nous régalent de tant de récits. Oui, pas de doute, ce serait un dictionnaire.
Pour corroborer ton propos, Jean D’Ormesson disait qu’il emporterait avec lui comme livre sur une île déserte d’abord le Littré qu’il considérait comme la bible des écrivains.
Voilà, le face-à-face en 12 questions d’Olivier TARASSOT est terminé. Il me reste à te remercier pour ton temps.
Merci également à vous lecteurs, d’avoir pris le temps de la lire.